Mot d'Irina :
Dépaysez-vous dans le monde fantastique de Lear?, une exploration inattendue et contemporaine de la tragédie mythique de Shakespeare, à travers le prisme de l’imaginaire et du théâtre dans le théâtre.
Le Roi Lear est l’une des plus grandes et célèbres tragédies de Shakespeare, une épopée guerrière, politique et familiale. Elle gravite autour du personnage de Lear, roi vieillissant de Grande-Bretagne, et ses trois filles : Goneril, Regan et Cordelia. La pièce commence au moment où il réunit sa cour pour annoncer qu’il abdique. Il demande à chacune de ses filles de décrire son amour pour lui. Celle qui l’aime le plus aura la plus grande part du royaume. Les deux aînées, avides et hypocrites, lui donnent des réponses flatteuses, tandis que Cordelia, la seule qui l’aime avec sincérité, ne trouve pas les mots, essayant d’expliquer que rien ne peut exprimer un amour profond et vrai. « Nothing! ». Ce mot rend Lear fou de rage et il la bannit, bien qu’elle soit sa préférée.
En parallèle, nous suivons l’intrigue de Gloucester, conseiller et meilleur ami de Lear, et de ses deux fils rivaux, Edgar le « légitime » et le mal-aimé Edmond, le « bâtard ». Une deuxième situation se révèle, tout aussi tragique, où de nouveau la fragilité de la nature humaine, aveuglée par la jalousie et l’ambition, mène à l’écroulement de l’ordre naturel. Shakespeare exprime, à travers ces histoires de famille, une vision intemporelle de l’homme, reflétant l’état du monde, avec ses guerres et ses conflits sans fin.
LEAR, VERSION ?
« Dans ma version de Lear?, le point d’interrogation est au centre de notre recherche. Pourquoi « Lear » aujourd'hui ? Pourquoi le théâtre ? Pourquoi Shakespeare ? Cette pièce devient pour moi, le point de départ d’une exploration sur ce que c’est d’être comédien, et sur mon expérience intime d’une vie dans le théâtre, une vie entourée d’acteurs et des paroles de Shakespeare depuis la petite enfance. En 1963, ma mère a joué Cordelia avec Orson Welles pour la télévision anglaise. Aujourd’hui, en 2024, ma fille Maïa reprend le rôle.
J’ai passé ma vie, avec amour et douleur, à voir ce qu’est la vie quotidienne du comédien, du comédien qui cherche du travail, ses espoirs, ses déceptions. J’ai moi-même ressenti l’horizon vide, l’attente interminable du coup de fil de l’agent, et à trente ans, j’ai arrêté. J’ai vu de près la joie et la passion obsessionnelle de l’acteur, se jetant corps et âme dans ses répétitions, la camaraderie, la vie de tournée, suivi par ce « rien », le rien d’un acteur sans rôle. J’ai vu la tristesse qui arrive avec l’âge qui avance, et la disparition des engagements. Et puis la mémoire qui part, la difficulté d’apprendre les textes, la terreur de l’oubli. J’ai une amie dont la mère est dans une maison de retraite pour gens du spectacle, proche de Londres. Elle m’a raconté qu'il y a un résident, un grand acteur, ex-star de la Royal Shakespeare Company, qui vient s’asseoir tous les jours à la réception, avec son petit sac. Quand on lui demande ce qu’il fait, il répond : « J’attends mon agent ». Cette image est pour moi tout aussi tragique que celle d’un roi sans royaume.
Notre Lear? est un voyage imaginaire et expressionniste à travers le monde du théâtre, avec Shakespeare comme point de départ. Le lieu est un hospice pour acteurs, mais nous ne sommes pas dans une réalité précise, car tout part de l’esprit désorienté du personnage de Jeff King, l’acteur qui imagine jouer Lear. Partant d’improvisations, nous parcourons l’œuvre, de façon très libre, sans restrictions de temporalité ni de logique. Sur le chemin, des bribes, des rêves, des souvenirs de grands classiques, les pièces que j’ai montées à des époques différentes, avec ces comédiens : Le Songe d’une nuit d’été, Hamlet, La Tempête, Roméo et Juliette. Et le fil rouge, qui nous ramène toujours au Roi Lear : les questions sans réponses sur la fragilité de l’homme, la mortalité, les questions existentielles de nos vies d’artistes, et donc, de nos vies à tous. » Irina Brook, mai 2024
Librement inspiré du Roi Lear de Shakespeare
Mise en scène Irina Brook
Collaboration artistique Tess Tracy
Geoffrey Carey Jeff King / King Lear
Jamie De’Ath Cowboy
Kevin Ferdjani Eddie / Edgar / Pauvre Tom / Mike
Marjory Gesbert Maja / Regane
Emmanuel Guillaume Leon Leontis / Gloucester
Maïa Jemmett Viviane / Cordelia
Irène Reva Ira / Goneril
Augustin Ruhabura Bo Diallo / Kent
Maximilien Seweryn Anthony / Edmond
Collaboration artistique Tess Tracy
Costumes Irina Brook, Angélique Legrand, Gina Portman
Création vidéo, régie plateau Jamie De’Ath
Régie générale Mathieu Unissart
Régisseur lumière Alexandre Fauvel
Régisseur son Maxime Demilly
Technicien lumière et vidéo Théo Level
Production Dream New World – Cie Irina Brook
Coproduction Le Château d’Hardelot, Centre culturel de l’Entente Cordiale – Département du Pas-de-Calais
Réalisé avec l’aide du ministère de la Culture
Résidence de création au château de Fairlight hall – Hastings – Angleterre. Un grand merci à Sarah Kowitz et son équipe.
Production Dream New World - Cie Irina Brook - Coproduction Le Château d’Hardelot, Centre culturel de l’Entente cordiale, Département du Pas-de-Calais - Réalisé avec l’aide du ministère de la Culture.
La compagnie Dream New World – Cie Irina Brook bénéficie du soutien du ministère de la Culture / direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France, au titre de l’aide aux compagnies conventionnées
Durée : 1h50
Crédit photo : © CD62
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